La piscine Tournesol de Marseille, affectueusement surnommée « La Martine », s’apprête à recevoir une reconnaissance tant attendue : celle de monument historique. Cette annonce est non seulement une source de fierté pour les habitants du 15ᵉ arrondissement, mais elle soulève également des interrogations sur l’avenir de cette piscine emblématique et de ses consœurs dans la ville. Les souvenirs d’innombrables jeunes nageurs s’entrelacent avec l’histoire architecturale de cet édifice, dont la forme évoque celle d’une soucoupe volante.
Au-delà de la simple reconnaissance, cette décision met en lumière l’importance de préserver notre patrimoine aquatique et culturel. À travers cet article, nous plongerons dans l’histoire fascinante de la piscine Tournesol, son architecture novatrice, et son rôle significatif dans la culture locale de Marseille.
Origine et conception de la piscine Tournesol
La piscine Tournesol a vu le jour dans le contexte d’un programme national ambitieux, lancé en 1969, visant à construire un grand nombre de piscines publiques à travers la France. À une époque où la sécurité aquatique devenait une nécessité, le gouvernement français avait pour but de favoriser l’apprentissage de la natation, en réponse à des tragédies maritimes et aux faibles résultats de la natation française aux Jeux Olympiques de 1968. L’ingénieur Thémis Constantinidis a laissé sa marque avec cette structure innovante en polyester.
Un symbole des années 70
Impulsée par l’État, la construction des piscines Tournesol a été pensée non seulement pour leurs qualités fonctionnelles, mais également pour leur esthétisme. Ces piscines, caractérisées par leurs coupoles en tuiles polyester et leurs arcs métalliques, se distinguent par un design futuriste, directement inspiré des mouvements architecturaux avant-gardistes de l’époque. Avec leurs 36 arcs, dont 12 sont escamotables, elles offrent la possibilité de nager à ciel ouvert tout au long de l’été, une caractéristique appréciée des familles marseillaises.
L’impact sur la communauté
Au sein de la communauté locale, la piscine « La Martine » est bien plus qu’un simple espace aquatique. Elle représente le souvenir de centaines de premières brasses, des rires d’enfants et des après-midis ensoleillés, ce qui la rend précieuse pour de nombreux habitants. À travers les décennies, les générations se sont succédé, chacune laissant une empreinte dans l’histoire de cet édifice. Les piscine Tournesol sont devenues un symbole de la culture locale, leur conception unique apportant une touche de modernité à Marseille.

L’importance du classement monument historique
Le récent classement de la piscine Tournesol en tant que monument historique est une étape majeure dans la reconnaissance du patrimoine architectural de la ville. Cette décision, annoncée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, fait écho à une volonté plus large de préserver des édifices emblématiques pour les générations futures.
Une décision salvatrice
Pour le conseil municipal et de nombreux défenseurs du patrimoine, ce classement souligne la nécessité de rénover et d’entretenir ces lieux qui racontent une histoire vitale liée à la natation, à l’éducation et à la culture sportive. Jean-Marc Copolla, adjoint à la culture, voit en cela un symbole. « Cet édifice raconte une histoire, celle de la natation en France, c’est un symbole », a-t-il affirmé lors de l’annonce du classement. Ce type de reconnaissance pourrait également introduire des fonds de rénovation, permettant ainsi de préserver ces équipements dans un état digne de leur héritage.
Les défis de la préservation
Malgré cette avancée, les défis qui se posent sont nombreux. Comme l’a exprimé Sébastien Jibrayel, adjoint au sport à Marseille, le classement comme monument historique, tout en étant une excellente nouvelle, complique les travaux de rénovation. Les exigences légales entourant ces monuments entraînent un processus long et potentiellement coûteux pour toute initiative de mise à niveau ou de réhabilitation. Une véritable entreprise de rénovation pourrait être nécessaire pour améliorer la performance énergétique de la piscine, qui souffre aujourd’hui de dépenses élevées en courant.

Les piscines Tournesol à travers la France
La piscine « La Martine » est l’une des dernières représentantes de la série des piscines Tournesol qui ont été construites en France dans les années 70. En tout, 183 piscines de ce modèle ont vu le jour, chacune ayant sa propre histoire, mais toutes représentant un héritage architectural précieux. Ces piscines ont été la réponse à un besoin collectif d’améliorer les compétences en natation et de garantir la sécurité au sein des collectivités locales.
Le modèle des piscines Tournesol
À travers le pays, les modèles de piscines varient légèrement, mais l’essence des piscines Tournesol demeure. Elles se distinguent notamment par leur structure en polycarbonate ou polyester imitant la forme d’une soucoupe volante. Des hublots judicieusement placés non seulement apportent de la lumière naturelle, mais mais offrent également une vue inédite sur les nageurs à l’intérieur.
Des témoignages marquants
Les souvenirs de ces piscines sont inoubliables pour beaucoup. Alain Bernard, champion olympique de natation, se souvient avec émotion de ses débuts dans une piscine Tournesol à Aubagne. Selon lui, ces structures ont façonné des générations de nageurs en permettant un accès facile à la natation. « Quand on a eu la chance d’apprendre à nager dans ces piscines, on s’en souvient à jamais », témoigne-t-il.

Les enjeux futurs pour les piscines Tournesol
À l’heure actuelle, l’avenir des piscines Tournesol, et notamment celui de « La Martine », est à un carrefour. Bien que la reconnaissance en tant que monument historique apporte une certaine fierté, elle génère également des défis de préservation. Les piscines Tournesol nécessitent un entretien constant, et la plupart d’entre elles souffrent de vétusté, ce qui soulève des questions sur la façon dont elles pourront répondre aux enjeux contemporains.
Un avenir incertain
À Marseille, sur les 14 piscines municipales encore en activité, quatre sont des piscines Tournesol, et chacune d’elles nécessite des rénovations substantielles. Des voix s’élèvent pour alerter sur le risque de fermeture si des investissements ne sont pas faits rapidement. De plus, la question de l’harmonisation entre préservation et modernisation est une préoccupation majeure pour les municipalités. Comment préserver cette architecture futuriste tout en répondant aux besoins contemporains d’efficacité énergétique?
Appels à l’action pour sauver le patrimoine aquatique
Des groupes de citoyens et des associations de défense du patrimoine se mobilisent pour sauver ces joyaux architecturaux. Des campagnes de sensibilisation se développent, plaidant pour des financements publics afin d’assurer que ces piscines restent accessibles et fonctionnelles pour les générations futures. Le projet « 1 000 piscines » doit devenir un appel à l’action, un rappel que l’eau est et restera un élément central de la culture et de notre héritage commun.

Réflexions sur l’héritage des piscines Tournesol
La piscine Tournesol de Marseille, tout comme ses homologues à travers la France, incarne bien plus que de simples installations sportives. Elles sont le reflet d’une vision ambitieuse pour l’éducation à la natation et le développement communautaire. Célébrer leur histoire, c’est aussi s’assurer qu’elles continueront à jouer un rôle vital dans le tissu social.
Le patrimoine en danger
Alors que plusieurs piscines sur le territoire national ferment leurs portes, de nombreuses voix s’élèvent pour plaider la cause de ces trésors architecturaux. Il est essentiel de mener une réflexion sur l’avenir : que voulons-nous pour ces lieux qui ont marqué tant de vies? Comment garantir que la préservation de leur histoire soit aussi importante que leur modernisation?
Une occasion de redynamiser les communautés
Si nous réussissons à mobiliser les citoyens autour de la préservation de nos piscines Tournesol, cela pourrait entraîner un regain d’intérêt pour ces espaces, favoriser des événements communautaires et redynamiser le lien social. En fin de compte, chaque nageur, chaque enfant ayant appris à nager dans ces piscines, mérite que leur héritage continue à faire partie de l’histoire de Marseille.