À Toulouse, la piscine Chapou pourrait retrouver son nom d’origine, celui de son architecte, Ernest Dufer. Ce désir émanant de Jean Dufer, fils d’Ernest, met en lumière l’importance de la mémoire architecturale et des contributions remarquables des figures du passé, notamment dans le domaine de la natation. La reconstruction du lien entre l’architecture et l’identité culturelle pose des questions essentielles sur la façon dont nous valorisons notre patrimoine.
Le parcours d’Ernest Dufer
Né à la fin du XIXe siècle en Belgique, Ernest Dufer était un sportif accompli qui a fait ses preuves dans le domaine du water-polo. Il a su se distinguer en remportant des titres en Belgique et même à l’échelle européenne lors des rencontres militaires interalliées. En 1924, l’ingénieur s’installe à Toulouse pour parfaire sa formation à l’école supérieure d’agriculture de Purpan.
Une infrastructure sportive modernisée
À son arrivée à Toulouse, il constate le manque d’équipements sportifs pour la natation, disposant essentiellement d’un choix rudimentaire limité à la Garonne. Pour remédier à cela, il entreprend de transformer le bassin du parc des sports des Ponts Jumeaux, initialement rudimentaire, en piscine sportive. Grâce à un travail considérable et un investissement personnel très important, le bassin subit une profonde transformation, inaugurée avec éclat en mai 1925. La nouvelle piscine, dotée de normes ultramodernes pour l’époque, a permis à Toulouse de devenir un centre de compétition pour les meilleurs nageurs de France et d’Europe.
La renommée du TOEC et l’héritage d’Ernest Dufer
La victoire du TOEC (« Toulouse Olympique Employés Club ») sur la scène sportive est largement attribuée aux efforts et à la vision d’Ernest Dufer. Ce dernier joue un rôle prépondérant dans l’ascension de ce club devenu emblématique, qui accède à une renommée nationale et internationale grâce à sa nouvelle piscine. Reconnaissant son apport essentiel, le TOEC baptise la piscine « Ernest Dufer », une dénomination qui reflète son impact sur la natation toulousaine.
Le combat pour la mémoire
Cependant, au fil des années, la piscine Ernest Dufer devient « Chapou », un changement qui a suscité la surprise et la désolation dans les rangs de la famille Dufer. Jean Dufer, avec une profonde conviction, fait campagne pour restaurer le nom de son père à la piscine, considérant cela comme une réparation d’une injustice. Il met en avant l’importance de conserver la mémoire et l’héritage des grands contributeurs au sport et à l’architecture.
Réponse de la mairie et perspectives futures
La Mairie de Toulouse a pris connaissance des souhaits de Jean Dufer tout en expliquant la complexité de la situation. Propriété de l’État, la piscine ne peut pas être renommée par les autorités municipales sans une procédure formelle. Le changement de dénomination vers « Chapou » remonte aux années 1960, en mémoire de Jacques Chapou, un résistant, ce qui complique davantage les efforts de réhabilitation du nom. Jean Dufer est encouragé à dialoguer avec le préfet de Région pour solliciter ce changement auprès des autorités compétentes.
L’importance de l’architecture et du patrimoine
Au-delà de la simple question de dénomination, cette situation soulève des enjeux cruciaux concernant le lien entre l’architecture et l’identité culturelle. La demande de Jean Dufer pour valoriser l’œuvre de son père met en lumière l’impact que les personnalités architecturales ont sur les espaces publics et la mémoire collective de la ville. Ce débat sur le nom de la piscine souligne également la nécessité d’une prise de conscience collective sur l’importance de protéger notre héritage architectural en tant que marqueurs de notre histoire.